Au cours d’un long moment de solitude à plusieurs comme on n’en vit que dans les bibliothèques, je me suis trouvée face aux ouvrages d’auteurs japonais… D’instinct, je me suis approchée d’une première étagère : Kindaichi , Kyōsuke, Reikai gakushū kokugo jiten (Ed. Tōkyō , Shōgakukan — cop. 2004), Seiichi Makino and Michio Tsutsui, Dictionary of Basic Japanese Grammar (The Japan Times, 1986), Ono, Shuuichi, A Practical Guide to Japanese-English Onomatopoeia and Mimesis (Tokyo : Hokuseidoo 1989) tous des ouvrages connus et appréciés… Mais si les mots, leurs sonorités, leurs constitutions, leurs agencements sont à la base de toute littérature, ces ouvrages font-ils pour autant partie de la Littérature ?
La réponse devait être négative car mon regard s’en est allé, aspiré par une étiquette un peu vieillie, portant la mention tant convoitée : « littérature japonaise ». Murakami Haruki y jouxtait Abe Kôbô, au milieu d’une foule d’illustres inconnus. Après avoir prêté mon attention à ces derniers en raison de leur caractère original, je suis finalement revenue aux deux noms connus sans avoir eu de coup de cœur. Feuilletant quelques ouvrages de l’un, de l’autre, un livre a fini par attirer mon attention : un format éloigné des standards habituels, une couverture très simple, sans illustration, d’un vert sapin patiné par le temps a attiré mon attention. Un titre : « Le crime de monsieur Σ. Karma » et surtout une lettre : Σ. Comment un sigma a-t-il pu arriver dans la traduction française d’un ouvrage japonais ? C’en était fait de moi, le coup de cœur était là, à la fois confirmé par les extraits que mes yeux avaient pu voler de cette nouvelle et par ce petit goût de Kafka, réminiscence d’une première langue renforcée entièrement dévouée à l’auteur. Je repartis donc, accompagnée de :
Les Murs (壁, 1951)
Traduit par : Monsieur Marc Mécréant et relu par Madame Masako Kato
Paris , le Calligraphe , Unesco — 1985
Collection Unesco d’Œuvres Représentatives. Série Japonaise ;
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