Une brève biographie
Je me souviens encore de la première fois où ce nom a résonné dans mes oreilles… C’était il y a quelques années, à la fin de mon DEA.
Lorsque je me suis penchée sur la biographie de cet auteur, à travers son OBITUARY, écrit par R. H. Robins. Très tôt est arrivée une information capitale : « In 1944, when the University established a chair of general linguistics, the first in this country, he became its first occupant. » (En 1944, quand l’université créa une chaire de linguistique générale, la première dans ce pays, il en devint le premier occupant)
Dès lors, le personnage éveilla ma curiosité !!
J’ai suivi un cursus auprès de l’UFR des Pays Anglophones, je me suis assez tôt spécialisée en linguistique, traquant les options allant dans ce sens et je n’avais jamais entendu parler du premier Britannique à avoir tenue une chaire de linguistique générale !!
Mais quel est cet oubli de l’histoire ? Comment un personnage clef de cette envergure peut-il à ce point être ignoré ?
C’est ainsi, qu’avide de combler ces lacunes, je me suis lancée, sans m’en rendre compte dans les prémices de recherches qui constituaient les début de mon doctorat…
Voici donc, pour le plaisir, pour MON plaisir, et j’espère également pour le vôtre,
une très courte biographie de John Rupert Firth :
John Rupert Firth est né le 17 juin 1890 à Keighley dans le Yorkshire et à vécu jusqu’en 1960.
Après des études en histoire à l’Université de Leeds, ponctuées par un poste de chargé de cours, il passa la Première Guerre Mondiale à servir sa patrie en Afrique et rejoignit ensuite le Service d’Education Indien.
A 29 ans, il devint professeur d’anglais à l’Université Punjab de Lahore (1919-1928), en Inde, qui faisait alors encore partie de l’Empire Britannique.
De retour en Grande-Bretagne, le Professeur Daniel Jones lui offrit un poste de maître de conférence (Senior Lecturer) au Département de Phonétique du London University College. Son implication dans l’équipe du Professeur Jones jusqu’en 1938 ne l’empêcha pas d’occuper d’autres fonctions à la Londonc School of Economics (où il travailla avec Malinowski), à l’Indian Institute d’Oxford, à la London School of Oriental and African Studies… et de publier ses deux premiers ouvrages linguistiques : Speech (1930) et Tongues of Men (1937).
En 1937, il reçut le Leverhulme Fellowship et repartit pour quinze mois en Inde.
La consécration arrive à son retour d’Inde, quand il fut nommé maître de conférence à la London School of Oriental and African Studies. En 1940, il obtint le titre de Professeur et en 1941, il succéda au Professeur Lloyd James à la tête du Département de Phonétique et Linguistique.
« En 1944, quand l’université créa une chaire de linguistique générale, la première dans ce pays, il en devint le premier occupant » (in, Obituary de R.H. Robins) et tint ce poste jusqu’en 1956, date à laquelle il prit sa retraite.
Ses talents de linguiste et plus particulièrement de phonéticien furent également exploités durant la deuxième guerre mondiale à travers la formation intensive qu’il dispensa auprès du personnel des services de renseignement, ce qui lui valut en 1946 de recevoir le titre d’Officier de l’Ordre de l’Empire Britannique (O.B.E.).
L’étendue de sa culture (en anthropologie, par exemple mais pas uniquement) et de ses connaissances linguistiques (notons ses recherches en phonologie, sur le « sens » ou encore en relation avec l’anthropologue Bronislaw Malinowski notamment) transparaissent bien évidemment dans ses ouvrages qui seront juste mentionnés ici tant ils méritent d’être développés dans des articles spécifiques, mais également dans l’héritage intellectuel qui lui a survécu et que l’on perçoit chez les scientifiques de l’Ecole de Londres ou de l’Ecole de Prague et plus particulièrement chez des linguistes aussi renommés que M. A. K. Halliday, T.F. Mitchell…
Les différents déplacements à l’étranger qui marquent sa carrière à partir de 1947, que ce soit en Europe, en Afrique du Nord, aux Etats-Unis ou encore en Asie sont représentatifs de l’importance de la place qu’il occupait au sein de la communauté linguistique internationale de même que le rôle qu’il a pu jouer auprès de l’UNESCO ou de la Société Philologique.
Comme le souligne R. H. Robins, l’accomplissement majeur de Firth réside avant tout dans le succès qui a couronné ses efforts à faire reconnaître le linguistique moderne comme discipline académique à part entière en Grande-Bretagne.
Bibliographie de John Rupert Firth :
Speech (1930)
Tongues of Men (1937)
Papers in Linguistics : 1934-1951 (1957)