Le musée Guimet et l’exposition Hokusai

Le musée Guimet est né du grand projet d’un industriel lyonnais, Émile Guimet (1836-1918), de créer un musée des religions de l’Égypte, de l’antiquité classique et des pays d’Asie. Des voyages en Égypte, en Grèce, puis un tour du monde en 1876, avec des étapes au Japon, en Chine et en Inde lui permirent de réunir d’importantes collections qu’il présenta à Lyon à partir de 1879. Il devait par la suite transférer ses collections dans un musée qu’il fit construire à Paris et qui fut inauguré en 1889.

En arrivant à 10h00 devant la porte du Musée Guimet, aussi connu sous le nom de Musée des Arts Asiatiques, j’ai été très surprise par les 200m de queue qui serpentaient dans la rue depuis l’entrée du musée !

Mes précieux coupe-files en main, me voici lancée par la petite porte sur côté… 😉

Ma visite comporte deux parties : la collection permanente du Musée Guimet et l’exposition temporaire intitulée « Hokusai, l’affolé de son art ! »

La collection permanente

En ce qui concerne la collection permanente, j’ai apprécié l’audio-guide gratuit, d’autant plus que les explications apposées auprès des différentes pièces du musée sont très minces. Néanmoins, il est dommage que ces explications n’aient pas été étendues à l’exposition temporaire, qui elle, pour le coup, m’a un petit peu laissée sur ma faim !

Ces expositions ont lieu dans un édifice superbe de 6 étages.

Les espaces ouverts avec des murs très clairs sont à première vue très agréables et mettent très bien les œuvres en valeur. Néanmoins, il faut bien noter que ces « open spaces » sont à double tranchant et ne permettent pas d’identifier clairement les différentes parties thématiques de la collection.

C’est assez regrettable. Quoi qu’il en soit, les pièces présentées sont absolument superbes. Les différents bouddhas variant d’une époque à l’autre, mais également d’un pays à l’autre permettent d’appréhender des civilisations différentes, des cultures, une histoire, des histoires..

Outre les statues, les peintures, les estampes, la collection propose des supports très variés : des éventails, des vêtements et autres tissus, des paravents (au dernier étage particulièrement), de la vaisselle, des meubles mêmes…

L’immersion dans la culture asiatique est fascinant et ce côté un peu fouillis de l’exposition est d’autant plus regrettable !

L’exposition temporaire : Hokusai, l’affolé de son art

Après une demi-heure de queue contre lequel mon coupe-file n’a rien pu faire, j’ai enfin pu avoir accès à l’exposition qui avait tant aiguisé ma curiosité !!

A noter, si les photos sans flash sont autorisées dans les salles consacrées à la collection permanente, ce n’est pas le cas pour l’exposition temporaire. C’est avec moult regrets que je n’ai donc rapporté aucune photographie de ces œuvres, quoi que la lumière tamisée de ces salles n’aurait de toute façon pas permis de réaliser de très bons clichés !

De Katsushika Hokusai, j’en connaissais à vrai dire assez peu : les 36 vues du Mont Fuji ! (D’ailleurs, au passage, par pitié, on ne dit pas le *Fujiyama : c’est une erreur de traduction typiquement occidentale du kanji 山 qui se lit : « yama »= « la montagne » mais également « san »= »le Mont  » C’est cette dernière lecture qui est utilisée au Japon pour faire référence au Mont Fuji sous le nom « Fuji-san »…)

Si je m’attendais à la taille des estampes que j’ai pu admirer, j’avoue que j’ai été surprise par La Grande Vague de Kanagawa- 神奈川沖浪裏, Kanagawa oki nami ura -1831 (Cf. infra). Elle mesure 25,9cm x 37,2cm, soit 10×15 inches. Je l’imaginais plus grande, aussi grande que terrible, peut-être ; ou peut-être bien aussi grande que son titre le laissait entendre… Mon anticipation m’a joué des tours, mais je n’ai pas été déçue pour autant ! Cette estampe fait intervenir le bleu de Prusse introduit au Japon seulement quelques années plus tôt qui lui donne une profondeur et un caractère tout à fait unique.

Cette visite, beaucoup plus rigide dans son parcours guidé, a été des plus intéressantes ! Tout passionné de l’orient et / ou de l’extrême-orient trouve ici de quoi régaler ses sens !

Mais qui est Katsushika Hokusai ?

Cet artiste que l’on nomme Hokusai a revêtu des pseudonymes différents tout au long de de sa carrière, ponctuant ainsi les tournants de cette dernière. On le connaît également sous le nom de Shunrō, Sōri, Kakō, Taito, Litsu, Manji ou encore, particulièrement pertinent par rapport au titre de cette exposition, Gakyōjin « le fou de dessin ».
Il vécu de 1760 à 1849, c’est à dire sur la fin de la période Edo (1605-1868). Il s’est illustré dans l’art de l’Ukiyo-e.

Adopté vers 3 ou 4 ans par le miroitier du Shogun, il montre très vite des aptitudes au dessin et il est envoyé, adolescent comme apprenti dans un atelier de xylographie. A 18 ans, il intègre l’atelier du maître Katsukawa Shunsho, peintre d’estampes Ukiyo-e et produit bientôt ses premières œuvres. Son départ de l’atelier à la mort du maître marque le début d’une grande pauvreté.
En 1794, il intègre une nouvelle école. Il connaît, l’année suivante, son premier succès, grâce à l’illustration du recueil poétique Kyōka Edo no Murasaki et publie de nombres estampes dans les années qui suivent.

Il parcourt le pays entre l’ancienne capitale (Kyoto) et la nouvelle (Edo-Tokyo) et publie ses croquis sur les conseils de Bokusen, un autre artiste.

Hokusai : La Grande Vague de Kanagawa (1831)

C’est en 1831 qu’il se lance dans la fameuse série d’estampes intitulée Les Trente-Six Vues du Mont Fuji. La première des planches de cette série n’est autre que La Grande Vague de Kanagawa, non seulement une œuvre majeure de Katsushika Hokusai, mais également l’estampe japonaise la plus connue des occidentaux !

Il quitte Edo pour réaliser Les Cent Vues du Mont Fuji, revient à la capitale où règne la famine. Un incendie détruit les œuvres de plusieurs années. Il repart finalement en province où il décède en 1849.

L’Ukiyo-e

l’浮世絵 (= Ukiyo-e ou « images du monde flottant ») avec ses connotations à la fois optimistes et éphémères.
L’Ukiyo-e est une estampe ayant pour thème des scènes de la vie de tous les jours, souvent considérées comme vulgaires, monochromes dans un premier temps, puis délicatement nuancées.

Hokusai : Femme dans un Intérieur
(1799 in, Surimono)

S’il était mal venu de représenter des personnes élevées socialement sans leur autorisation, il semble que les estampes au caractère sexuel explicite ait été tout autant désapprouvées, contrairement à ce que beaucoup d’occidentaux semblent penser, le raccourci étant promptement établi entre les scènes sexuelles et les estampes japonaises. Néanmoins, l’exposition Hokusai en propose un certain nombre, pudiquement cachées derrière une cloison séparant la collection du reste des œuvres.

Le Père Tanguy

C’est par le biais de l’Ukiyo-e que l’art japonais est arrivé en occident au milieu du XIXe siècle et ce sont des artistes tels que Katsushika Hokusai qui ont pu inspirer certains Gauguin, Monet et autres Van Gogh et ce mouvement l’on a nommé « le japonisme »

Informations pratiques :


Le musée est ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h
Le musée est climatisé, et même plus, prévoyez une petite laine (si, si, je vous assure, cela ne sera pas superflu !)
Il est également accessible aux personnes à mobilité réduite grâce à des ascenseurs faciles d’accès (et non cachés au fin fond d’un couloir !)

Références