Le cinquantenaire de l’Institut National des Jeunes Sourds – Bordeaux-Gradignan

Cela fait un moment que la L.S.F., comprenez la Langue des Signes Française m’interpelle et ce pour plusieurs raisons, qu’elles soient personnelles, ou professionnelles…

Imaginez-vous:

  • Avez-vous déjà réussi à parler deux langues en même temps sans faire de l’une, de l’autre ou des deux un véritable charabia ??
  • Avez-vous déjà communiqué (j’entends par là tenir une conversation cohérente et suivie) autrement qu’avec les cordes vocales, le larynx, la cavité buccale ou n’importe quel autre élément de votre appareil phonatoire??
  • Sauriez-vous comment exprimer une modalité rien qu’avec vos mains?

Non ?? et bien si vous maîtrisiez la Langue des Signes, vous sauriez !

  • J’aime: les langues, j’aime leur diversité…
  • Je n’aime pas: me retrouver face à quelqu’un et être très limitée pour communiquer en dépit de mes connaissances linguistiques. Me rendre compte que même dans mon propre pays, je suis coupée de certaines personnes qui souhaitent partager quelque chose avec moi, uniquement à cause de mon ignorance. Je n’aime pas ne pas pouvoir venir en aide à quelqu’un à cause de cette même ignorance…

Il y a là une frustration qu’il m’est très difficile de résoudre. Je me suis donc renseignée afin d’y remédier et d’en apprendre le plus possible sur cette langue qui me fascine.

Aujourd’hui, 04 juin 2008, à l’occasion de son cinquantième anniversaire, l’Institut National des Jeunes Sourds de Gradignan ouvrait ses portes.


Vous en apprendrez plus sur la manifestation grâce au site aménagé à cet effet et pourrez peut-être profiter des derniers jours et tout particulièrement du week-end qui promet des événements forts intéressants.

De la conférence à laquelle j’ai assisté cet après-midi, je retiens plusieurs éléments:

  • L’accent a été mis sur la difficulté que peut représenter un passage à l’écrit pour les enfants sourds et malentendants; difficulté que j’avais sous-estimée.
  • Le recours à une langue dans laquelle ils ne baignent pas, tout du moins pas autant qu’un enfant entendant qui y est soumis même malgré lui à longueur de journée, implique un apprentissage du français, que je rapproche de celui d’une deuxième langue vivante.
    _ Si le discours devient grammatical, syntaxiquement correct, les tournures idiomatiques ainsi que tous les éléments vecteurs de sens, autre que le sens littéral des mots (intonation, ironie, polysémie et jeux de mots, par exemple) deviennent un véritable défi.
  • Enfin la prise en charge du handicap lors d’examens a également été évoquée, avec toute la complexité qu’elle implique: comment palier au handicap sans avantager la personne, la limite est ténue.

Bref, non seulement le débat est intéressant, mais la confrontation aux difficultés que peuvent rencontrer les sourds et malentendants est très enrichissante et éclairante dans notre rapport à l’autre. Ces journées ne s’inscrivaient pas dans une optique scientifique de recherche. Il s’agissait d’un prise de contact, d’une sensibilisation s’adressant à un public très large. A chacun de poursuivre ou non les investigations.

J’ai juste un regret, il concerne le peu d’information que j’ai pu recueillir quant à l’apprentissage de la Langue Française des Signes par un entendant. Il me semble primordial de favoriser la diffusion de cette langue et de permettre aux gens, quelque soit leur situation, d’accéder à cet outil de communication…